mardi 26 juin 2012

Vers l’économie de la collaboration


Les réseaux sociaux déstabilisent l’hégémonie du modèle marchande et propriétaire de la production et la distribution de l’information. La culture du partage qui y règne mène vers un nouveau modèle économique qui constitue, selon certains spécialistes, la prochaine étape du développement humain. 

Nous assistons en effet dans le processus de transformation du modèle de production de l’information qui, dans la société de l'information qui est la nôtre, est devenue un bien essentiel au développement économique et culturel. Aujourd’hui, les moyens matériels nécessaires à la production et à la communication de l’information sont accessibles au grand nombre d’individus. Les technologies Web 2.0, et le nouvel environnement informationnel qu'ils créent, offrent aux internautes la liberté de jouer un rôle actif et les inspirent à la participation volontaire dans les projets visant un but commun. Prenons pour exemple le mouvement des logiciels libres qui permettent à tout un chacun d'y participer. Désormais, ce système de production et de consommation de l’information est donc basé sur les actions individuelles, décentralisées et non pas sur les stratégies économiques planifiées.

Ces actions collectives, mais décentralisées, mises en œuvre par le biais de mécanismes non marchands, jouent un rôle de plus en plus important. Selon, Yochaï Benkler, spécialiste des sciences politiques et professeur à l’Université Harvard, ce type d’interactions génère les flux financiers qui mènent progressivement vers un nouveau "système économique de l’information en réseau". 


La dimension interpersonnelle et coopérative différencie ce nouveau paradigme du modèle traditionnel de capitalisme industriel basé sur la concentration des moyens de production de l’information. Benkler désigne ce nouveau phénomène comme « richesse des réseaux » et soutient qu'il se base sur un échange libre de l'information qui pourrait devenir économiquement plus efficace qu'un modèle alourdie par les contraintes du droit d'auteur. 

Chose certaine, cet essor de la production et du partage hors marché se trouve en opposition directe avec les revendications de propriété intellectuelle. C'est pourquoi ce libre échange des idées et des informations provoque l’actuelle tentative de verrouillage et de retour à l'ancien modèle économique (ex. les projets de loi ACTA, PIPA, SOPA). Ainsi, il est possible de conclure que nous assistons actuellement à la renégociation de la liberté du partage au sein de la société de l’information qui déterminera son avenir. 


Référence :
Benker, Yochai. 2009. « La richesse des réseaux : marchés et libertés à l'heure du partage social ». Lyon : Presses universitaires de Lyon. 

Paquet, Sébastien et al.  2012. « Module 7 » In : INF6107 Le Web social. http://benhur.teluq.uquebec.ca/SPIP/inf6107/spip.php?article=66&rubrique=11

Wikipedia. L’encyclopédie libre. 2012. « Accord commercial anti-contrefaçon ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_commercial_anti-contrefa%C3%A7on (consulté le 25 juin).

Wikipedia. L’encyclopédie libre. 2012. « PROTECT IP Act ».  http://fr.wikipedia.org/wiki/PROTECT_IP_Act (consulté le 25 juin). 

Wikipedia. L’encyclopédie libre. 2012. “Stop Online Piracy Act”. http://fr.wikipedia.org/wiki/Stop_Online_Piracy_Act (consulté le 25 juin).

1 commentaire:

  1. C’est mon troisième billet dans le cadre de l’Activité C et une fois de plus je prends une attitude assez critique par rapport à un billet d’un des étudiants du cours. Il s’agit cette fois du billet de Teresa B., intitulé “Vers l’économie de la collaboration”. Bien que je craigne de passer pour un polémiste, je le fais parce que je pense que c’est précisément une des caractéristiques fondamentales des réseaux sociaux que de pouvoir répondre aussi étroitement aux opinions qui y sont exprimés. Il y a trente ans, lorsqu’un journaliste publiait un article dans un journal, la seule façon d’y répondre était d’envoyer une réplique écrite au journal, adressée à la section des “lettres des lecteurs” et d’espérer qu’elle y serait publiée. Et même dans le cas où le journal décidait de publier cette lettre, le lien entre elle et l’article original était plutôt ténu. Dans les réseaux sociaux, par contre, les commentaires sont publiés directement sous l’article. Cela dit, trêve de bavardage et de justification, voyons ce que nous dit l’article de Madame Teresa B. :

    “Les réseaux sociaux déstabilisent l’hégémonie du modèle marchande et propriétaire de la production et la distribution de l’information. La culture du partage qui y règne mène vers un nouveau modèle économique qui constitue, selon certains spécialistes, la prochaine étape du développement humain.”

    “La prochaine étape du développement humain”. Ce genre d’affirmation me fait penser à Alfred Nobel. Après avoir inventé la dynamite, Nobel a dit que la puissance destructrice de son invention rendrait impossible la tenue de guerre de grande envergure. L’opinion de Nobel s’est bien sûr révélée totalement erronée. On pourrait presque dire “risible”, lorsqu’on pense au développement et à l’utilisation, quelques années plus tard, de la bombe atomique.

    Je trouve que le genre de futurologies technologiques défendues dans le billet de Teresa B. ressemble à l’optimisme de Nobel. Je pense qu’à la base de son argumentaire se retrouve l’idée selon laquelle les progrès technologiques vont avoir un impact sur la nature profonde des organisations humaines. Et je pense que c’est faux.

    Prenons le cas d’Open Office, le logiciel libre qui est une solution de rechange à la suite Office de Microsoft. Imaginons que la popularité de ce logiciel deviendrait telle que la suite Office de Microsoft tomberait en désuétude. Devrions-nous voir conclure, à partir de cet évènement, que nous venons de faire un pas dans la direction d’une économie de la collaboration? Devrions-nous y voir comme une preuve de la déstabilisation de “l’hégémonie du modèle marchande et propriétaire de la production”? Je ne pense pas. Je pense plutôt que d’autres compagnies vont maintenant utiliser Open Office dans leur bureau afin de diminuer leurs coûts d’exploitation, ce qui leur permettra de développer des logiciels qui eux ne seront pas libres. Après tout, les logiciels possibles ne sont pas en nombre fini. Ce n’est pas parce que certains logiciels libres remplacent des logiciels payants que nous venons de diminuer pour autant le nombre de logiciels qui peuvent être payants.

    On dirait que nous avons tous, au fond de nous-mêmes, l’espoir que nous pourrons un jour vivre dans un monde de paix et de partage. Et lorsque des développements technologiques peuvent être utilisées pour stimuler cette vision, nous perdons de vue la véritable nature de l’être humain, qui n’est peut-être pas une nature collaborative, mais bien plutôt compétitive.

    Éric Gagnon

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